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Jacqueline de ROHAN

Marquise de ROTHELIN – 1520-1587

Entre paroisse protestante et cour du roi

Jacqueline de ROHAN recueille la seigneurie de Blandy et la vicomté de Melun en 1548 à la mort de son époux François d’ORLÉANS, duc de LONGUEVILLE et marquis de ROTHELIN.

Plusieurs séjours sur les terres de ROTHELIN dans le pays de Bade en Allemagne et sur le comté de Neuchâtel en Suisse, la conduisent à rencontrer des leaders protestants proches de Calvin. En fin des années 1550, elle se convertit au protestantisme et soutient activement « le cénacle de Meaux », l’un des foyers français du calvinisme, protégé par l’évêque de Meaux.

Avec les guerres de religion, le château de Blandy devient alors l’un des refuges des huguenots, tandis que l’église du village est affectée au culte protestant.

Les messes catholiques se déroulent dans le bâtiment plus modeste du Prieuré Saint-Martin, à deux pas du carrefour de Blanduzel (l’actuel carrefour du Bon Dieu Blanc). Et la conversion au protestantisme implique nombre de Blandynois.

En 1565, Jacqueline marie sa fille, Françoise d’ORLÉANS-LONGUEVILLE, avec l’un des principaux chefs des huguenots, Louis Ier de BOURBON, prince de CONDÉ. Ce gendre prestigieux est prince de sang et peut accéder au trône de France si le roi Henri III ou son cousin Henri de NAVARRE (futur Henri IV) persistent à ne pas avoir de fils.

Mais un gendre singulièrement inconfortable car, en 1567, sa rébellion n’est pas pour rien dans la prise en otage de Jacqueline de ROHAN, arrêtée sur ordre du Roi en son château de Blandy et emprisonnée au Louvre durant plusieurs mois avec les jeunes enfants de Louis

Et, en 1569, le prince Louis de BOURBON-CONDÉ est tué par l’un des favoris d’Henri III, le duc d’Anjou lors de la bataille de Jarnac qui l’opposait aux armées royales par l’un des favoris d’Henri III, le duc d’Anjou.

Événement symbolique de cet engagement de Blandy dans le camp protestant : le 10 août 1572, la marquise préside au mariage de Marie de CLÈVES avec Henri Ier de BOURBON-CONDÉ. Il est le fils du premier mariage de son gendre, Louis de BOURBON-CONDÉ.

Tous les dignitaires protestants se trouvent alors réunis dans l’église de Blandy aux côtés de l’amiral Coligny, le chef de l’armée protestante et du cousin des Bourbon-Condé, Henri de Navarre, futur Henri IV. Le 24 août suivant, bien peu réchapperont au massacre de la Saint-Barthélemy.

Jacqueline de ROHAN meurt bien plus tard en 1587 en son château blandynois qu’elle n’a guère quitté pour éviter la Cour royale. Elle est inhumée dans l’église à l’entrée du cœur.

Mais fin 1793, les mentions sur sa plaque tombale de Marquise de ROTHELIN et de Princesse de ROHAN n’échappent pas à la vindicte révolutionnaire. Ses cendres sont alors transférées dans la fosse commune du cimetière paroissial ; son cercueil en plomb est envoyé à Melun pour être fondu.

Sauf qu’en 1853, les déclarations du sieur CHAPELAIN, ancien fossoyeur et sonneur de la paroisse permettent de retrouver les cendres de la marquise ‘’qui avait été mises en sécurité sous un tertre derrière la sacristie ».

Avec l’assentiment du curé Halley, les cendres sont ré-inhumées dans le nouveau cimetière en mai 1854. A la demande de l’évêché, la tombe est placée dans la partie réservée aux non-catholiques du fait de la religion de la marquise.

Les frais de sépulture sont pris en charge par le duc d’AUMALE, en tant qu’héritier des Princes de CONDÉ.

En 1990, la sépulture étant à nouveau vandalisée, la municipalité décide de la placer dans une place d’honneur, avec une cérémonie qui cette fois sera présidée par deux pasteurs.