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La maison de la charité

La donation du curé François PUISSANT

01/06/1726 : Achat par François PUISSANT, curé de la paroisse de Blandy depuis 1692, d’une maison dont il fait donation à perpétuité aux sœurs de la Charité de la maison de Nevers, établies à Blandy, « pour l’instruction gratuite des filles (lire, coudre et travailler) et le soulagement des pauvres malades ».
Acte passé devant Maître LECLERE, notaire à Melun moyennant le prix de 1 000 Livres francs deniers payés en louis d’or. Cette maison lui est vendue par Marie de VAUDORÉ, veuve de Louis DE BLOND, écuyer, chevalier de l’ordre royal de Saint Louis, ancien mousquetaire du roi. Ceux-ci l’avaient acquise de Louis BRUNEAU, chirurgien à Blandy et de Charlotte LE VIZEUR, son épouse, le 28/04/1717, par acte signé devant Louis PELHASTE (PELLEHASTE), tabellion à Blandy.
Cette maison située place des Halles, en face du pilori, se compose de deux corps de logis comprenant :

  • Le premier corps logis, situé sur le devant, face au pilori : deux salles basses et une cuisine sous laquelle il y a une cave voûtée.
  • Le deuxième corps de logis, sur l’arrière : un fournil, une cheminée et un grenier au-dessus.

L’acquisition porte aussi sur une grange de deux travées, d’une cour entre les deux corps de logis, d’une écurie. Tous ces bâtiments sont couverts de tuiles. Jardin derrière le fournil.
L’acte d’achat-donation précise également que ladite maison pourra être habitée par le maître d’école sous certaines conditions.
Jusqu’à la Révolution, deux sœurs vont habiter la maison de la Charité, pour y donner les soins aux malades sans ressources et y instruire gratuitement les jeunes filles pauvres de la paroisse.

En 1745, dans la déclaration au terrier faite à la seigneurie de VILLARS, le premier corps de logis comporte deux chambres basses, l’une servant d’apothicairerie et la seconde à coucher l’une des deux sœurs, une cuisine attenante dans laquelle couche la seconde sœur, un grenier au-dessus à plancher de terre, un caveau sous la cuisine…
Dans le second corps de logis, l’ancien fournil a été transformé en une chambre basse, servant de classe pour les écoles, grenier au-dessus pour mettre du bled, petite grange à côté…

En 1790, au titre des biens appartenant à l’église, un inventaire de la Maison de la Charité est établi. Le maire, précise que ces biens, de l’avis de tous, ne sont pas partageables, « sinon une travée de bâtiment dans la cour commune du Cygne, couverte en tuiles et servant d’école ».
(En Seine-et-Marne, ce sont quelques 200 maisons d’école qui ont été vendues comme biens nationaux pendant la Révolution).

La loi du 18/08/1792, qui supprime toutes les maisons religieuses, rend les sœurs à la vie civile avec une modeste pension qui leur est versée de manière très irrégulière. Pour poursuivre leur mission, Thérèse LENORMAND (Sœur de la Charité), ainsi que Joseph GAUTIER (maître d’école), après avoir reçu leur certificat de civisme attestant de leur « bonne vie et mœurs », prêtent le serment de fidélité au nouveau régime (29 nivôse an 2).

15 floréal An 5 : « Les citoyennes COQUET et LENORMAND sont autorisées par l’administration municipale du canton du Châtelet à obtenir gratuitement leur logement audit hospice, à charge comme elles le proposent, de traiter, soigner les pauvres de la commune ». Cependant, les trop grandes difficultés financières auxquelles les deux Sœurs se trouvent confrontées, contraignent Thérèse LENORMAND à quitter Blandy (An 7). Seule Madeleine COQUET, sœur Gabriel, déjà très âgée et handicapée, continuera à prodiguer ses soins aux malades jusqu’à son décès (1807).
Pendant cette période où la Maison de Charité ne peut plus instruire « les jeunes filles pauvres de la commune », Madame veuve TRINQUART née RAVOT et sa cousine Melle RAVOT ouvriront dans la maison qu’elles louent à Blandy à Mme AMIART, une école pour les très petites filles (4-5 ans). Cette école perdurera après le retour des sœurs jusqu’en 1816 où l’intervention du préfet conduira à sa fermeture.

En l’An 10, le maire adresse un mémoire au préfet afin d’écarter l’Hôtel-Dieu de la liste des établissements menacés de disparition.

En 1806, on relève que le sieur GAUTIER occupe depuis plusieurs années « la maison dite de l’école » appartenant à l’hospice sans en payer le loyer, précédemment fixé à 32 F, mais compensé par les mois d’école où il instruit gratuitement les enfants pauvres envoyés par le Bureau de bienfaisance.

1807 : Retour d’une sœur chargée de l’enseignement
Pendant cette période troublée, l’Hôtel-Dieu – Maison de la Charité, rebaptisé hospice civil, a servi pendant quelques temps, de « résidence » au curé de la commune contraint de quitter les lieux lors du retour des sœurs en 1807 : « Cette tolérance ne peut subsister tant sous le rapport de la décence publique que sous la localité ».

Construction de la salle d’asile et de l’école de filles

Ordonnance de 1836 : Elle prévoit l’ouverture, dans un souci de protection, de salles d’asile, pour les enfants de 2 à 7 ans dont les parents travaillent.

05/10/1853 : Présentation du projet de création de la salle d’asile dans « Une propriété où sont déjà les sœurs de la Charité et l’école de filles ». (Projet couplé avec la création de la mairie-maison d’école-magasin de la pompe à incendie).
Le montant du projet présenté par l’architecte Paul BUVAL s’élève, tous frais compris, à la somme de 3916,31 F + 400 à 500 F de mobilier scolaire.

01/05/1854 : Aide de 1000 F accordée par le ministre de l’Instruction publique à laquelle s’ajoutent 850F de dons volontaires de particuliers (comte de Choiseul-Praslin : 500F – duchesse de Choiseul-Praslin : 300F et Mme d’ANDREZEL : 50F).

15/05/1854 : Accord du préfet

28/05/1854 : Adjudication au rabais des travaux : Laurent DUPARQUET, maçon à Blandy, obtient le marché.

1867 : Loi DURUY obligeant les communes de plus de 500 habitants à ouvrir une école de filles.

1876 : Construction d’une classe de filles à la suite de la salle d’asile.

03/10/1876 : Secours de 1333,87 F accordé par le ministre de l’Instruction publique pour financer cette construction.

1884 : Installation d’une « grillette » sur le mur entourant la cour d’entrée de l’école de filles, restauration de la toiture et des latrines.

1881 et années suivantes : Lois de Jules FERRY, proclament la gratuité complète de l’enseignement primaire, la laïcité de l’école publique ainsi que l’obligation scolaire de l’enseignement primaire pour les enfants des deux sexes de 6 à 13 ans révolus…

1882 : Échec de la tentative de laïcisation de l’école de filles et de la salle d’asile (date à laquelle la salle d’asile demande à être reconnue en tant que classe enfantine).

01/02/1886 : La maison mère de l’ordre de la Charité de La Présentation de La Sainte Vierge (à Tours) ne pouvant fournir de remplaçantes aux deux sœurs qui ont quitté l’établissement, des institutrices de l’enseignement public reprennent les deux classes.

1903 : Suppression de l’école de filles et abandon de la classe de la Maison de La Charité. Les filles sont accueillies dans l’école de garçons.
La classe enfantine devient une annexe de l’école primaire. Il n’y a plus qu’un instituteur et une institutrice à Blandy.